Les idées de réforme d’ János Apáczai Csere sur l’éducation populaire au 17e siécle
Posted by ambrusa - 2009. augusztus 29.
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Szerző: | Kéri Katalin |
Cím: | Les idées de réforme d János Apáczai Csere sur léducation populaire au 17e siècle / Elementary level schooling reforms of János Apáczai Csere in the 17th century / Las ideas de la reforma de János Apáczai Csere sobre la educación popular en el siglo XVII. | |
Megjelenés: | 31st session of the International Standing Conference for the History of Education (ISCHE 31), August 26-29, Utrecht University, 2009 | Licenc: | © Kéri Katalin, 2009 | Hungary 2.5 [CC BY-NC-ND 2.5] |
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Identifier: | Internet Archive | Slideshare.net | Youtube |
Elementary level schooling reforms of János Apáczai Csere in the 17th century. János Apáczai Csere (1625-1659), one of the prominent figures of the Hungarian history of education, was born and later lived in Transylvania. He was an important pedagogical thinker, school-organizer, textbook-writer of his era. His walk of life is a good example of the carrier typical of a contemporary protestant intellectual thinker: the knowledge that he gained in his homeland could only be unfolded in western-European peregrination. He carried from the West to Transylvania various ideas regarding the reform of the content and structure of contemporary school system, the formation of elementary level education. He drew up his critique and recommendations concerning the whole Transylvanian society based on his experiences in the Low Countries. After secondary school he learned theology in Franeker, Leyden, Utrecht and Harderwijk, and later was awarded the Doctor of Theology. During his university years he studied Descartes, other prominent scientists, and the puritan ideas. He wrote the Hungarian Encyclopaedia which was his greatest achievement in Utrecht. It was the first book in Hungarian that contained all information about threads of science in the students’ mother tongue. Apáczai returned to Transylvania in 1653, and continued teaching and writing books until his death in 1659.
My paper focuses on the theoretical and practical works of János Apáczai Csere that aimed to create a comprehensive elementary level educational system. Apáczai, like his contemporary pedagogical thinkers laid special emphasis on the broadening of the network of elementary schools and the reform of secondary schooling. My paper is based mostly on his inaugural lecture De summa scholarum necessitate from 1656. This work consists of five main parts, and from a rhetorical and logical sense can be regarded as a masterpiece, in which Apáczai criticized his contemporary pedagogical thinkers and the society. He thought that the nobles, the teachers, and the monarchy all altogether were responsible for the cultural backwardness of Transylvania. In the introduction to the speech he stressed that much needed school and he who does not see their use is indiscriminate and insensitive. It highlights that in primary school education should be in mother tongue and the religious instruction is also necessary. In his opinion, one of the fruits of primary schools is no doubt that small children can get used to it with discipline, to obedience to their superiors, thus preparing their inclusion in society. It also stresses that these primary schools allow children to be in communication with other, to practice in speech in mother tongue. He speaks with enthusiasm about writing and the study thereof, including its usefulness in everyday life, for example in legal matters. In his view, Christianity is declining in libertinism and atheism without primary schools. He cited the example of Luther and other reformers who recognized the enormous role of elementary schools in the spread and maintenance of religion. However he highlighted in his speech that culture, level of education can not target the sky if the school system in the middle and high school did not follow the network of primary schools. In this speech he outlined the plan for the establishment of a comprehensive education system.
Based on theses platoniennes and books of the Old Testament, Apáczai stresses the importance not only that people be educated but also as heads of state have always a universal wisdom. He thought that there was a great need for puritan ethics regarding religion and science. To achieve this aim he ordered the reformation of elementary level schooling, and the formal education of people. His dream was the education of virtuous and learned citizens. Like Comenius, Vives and Erasmus he believed in the pedagogy of love, which ultimate aim was a happy and contented world. Though his ideas did not have an impact during his lifetime, Apáczai could be regarded as one of the major pioneers of elementary level schooling of his time. It was only later, in the 19th century that his ideas were rediscovered and used extensively.
Conditions de lenseignement en Transylvanie au 17e siècle
János Apáczai Csere est né en 1625, et 2009 est le 350e anniversaire de sa mort. La scène de sa vie courte est la période florissante de la principauté de Transylvanie, car au 17e siècle ce territoire vécut un développement spirituel et économique vraiment considérable.
En Hongrie, la Réforme apparaît dans les années 1520, et ses tendances se propagent vite. Cette propagation nest pas empêchée même par les catastrophes en série ni par le démembrement en trois parties du pays à cause des conquêtes de Turcs. Comme dans les autres pays de lEurope adoptant la Réforme, lévolution de la culture hongroise est caractérisée également par une grande ouverture spirituelle, par la mentalité moderne et la démocratisation de la culture y compris la question scolaire. En 1606, le traité de Vienne déclare la liberté de la pratique des religions catholique romaine, luthérienne et protestante en Hongrie et en Transylvanie. Après cela, les confessions protestantes élargissent de plus en plus leurs droits et développent leurs organisations religieuses dans la principauté de Transylvanie. Au début des années 1620, la religion protestante devient religion dÉtat en réalité, quoique non en sens juridique dans lÉtat dirigé par Gábor Bethlen. Les successeurs de Bethlen, les princes György Rákóczy Ier et II, sont les protecteurs fervents de la religion protestante. A cette époque, plusieurs villes de Transylvanie, comme Kolozsvár, Nagyenyed, Torda, Dés et dautres communes deviennent des centres privilégiés du point de vue ecclésiastique et scolaires en même temps. Les protestants quittant lÉglise catholique emportent les écoles et les mettent en service de la propagation de la nouvelle confession, puis organisent même de nouvelles écoles. Ils développent souvent les écoles primaires des villes en lycées où travaillent dans la plupart des cas un ou deux instituteurs en faisant intervenir des instituteurs adjoints et des élèves plus âgés. La propagation des nouvelles tendances religieuses est appuyée aussi par la rédaction ou la traduction et la propagation de cathéchismes par les intellectuels ecclésiastiques (en plus des confessions protestante et luthérienne, les unitaires, les anabaptistes et les sabbathiens aussi sont présents en Transylvanie).
Au milieu des années 1650 où János Apáczai Csere travaille en professeur en Transylvanie, les sources disent que le nombre des élèves dorigine de serf est extrêmement grand, tandis que les nobles sabsentent beaucoup de fois de lenseignement institutionnel. La cause en est que les fils des serfs peuvent embrasser une carrière sur la voie de lascension sociale grâce à la scolarisation. Une des questions importantes de lhistoire de la pédagogie au début de lâge moderne est de savoir ce qui est lorigine de ce phénomène singulier même à léchelle européenne. Daprès les recherches dune historienne hongroise, Katalin Péter, les racines de tout cela peuvent être cherchées au 16e siècle où Isabelle, souveraine catholique de la Transylvanie, prend sous sa protection même ceux de ses sujets qui appartiennent aux confessions protestantes (étant déjà en majorité dans la principauté au milieu du siècle). (Cette sorte de relation est maintenue par les princes qui la suivent, par exemple István Báthori, aucun deux ne fait dessai de contre-réforme violente.) En 1557, les états protestants forcent lÉtat à appuyer leurs écoles de plus haut niveau et puis, ils obtiennent même létablissement de nouvelles écoles. Déjà, Vilmos Fraknói, historien de la culture hongrois éminent du 19e siècle, signale que lorigine de tout cela doit être le fait que la propagation des tendances de la Réforme en Transylvanie et le retrait de lÉglise catholique de la vie de la société troublent la scolarisation, car les écoles catholiques anciennes ne fonctionnent plus au milieu du 16e siècle, mais les écoles protestantes ne sorganisent pas encore. Il faut souligner en même temps que la Réforme se répandant en langue maternelle entraîne un essort culturel aussi en Transylvanie, et au dernier tiers du 16e siècle se développe un âge dor culturel vu à léchelle transylvaine, non à celles des Pays-Bas ou de lAngleterre. Le prince Gábor Bethlen confirme par la loi le droit des serfs à létude et étend la noblesse sur les descendants des pasteurs /protestants/ en 1629. Suivant les sources, la principauté possède un réseau scolaire très serré au milieu du 17e siècle. Selon un recensement par exemple en 1660 presque toutes les assemblées des Saxons ont une école: dans ce milieu 238 pasteurs et 224 recteurs, cest-à-dire maîtres décole sont recensés. On peut dire que le réseau des écoles sur la terre des Szeklers était alors aussi bon.
A partir de cette époque, le nombre des étudiants transylvains suivant leurs études à létranger augmente de façon marquante, en moyenne une centaine en partent pour les pays de lOuest, surtout aux universités de lAngleterre et à celles des territoires de la Hollande et de la Belgique de nos jours. Ce sont eux qui en emportent en Transylvanie les résultats des sciences étrangères et les expériences économiques, médicales et dorganisation scolaire. Le 17e siècle, celui de Apáczai est donc la période des développements scolaires importants dans la principauté. Cest alors que lenseignement populaire étendu est fondé. Un élément important en est par exemple la résolution du synode protestant de Szatmárnémeti /nommé Satu Mare en Roumanie de nos jours/ en 1646, selon laquelle léducation des femmes doit incomber à lÉtat. Cette décision est importante dune part car elle enrichit la palette scolaire transylvaine dun nouveau type décole, lécole de jeunes filles, dautre part car elle ouvre la possibilité de linstruction devant les femmes, couche sociale totalement négligée avant. Cest à cette époque que lécole supérieure de Gyulafehérvár /Alba Iulia en Roumanie actuelle/ se renforce suivant linitiative de Gábor Bethlen en 1622 , mais même celui-ci ne réussit pas à y établir une université (tout comme ses prédécesseurs catholiques, János Szapolyai et István Báthori).
Entre plusieurs personnes éminents, cest grâce aussi à János Apáczai Csere, infatigable et doué, qui travaille de toute sa vie pour laffaire de lenseignement populaire et léducation nationale étendue. Il contribue au relèvement du niveau culturel de son époque par ses projets décrivant le développement de tous les niveaux du réseau scolaire, par son travail de professeur, par ses conseils pédagogiques théoriques, ses traductions scientifiques et ses écritures scientifiques personnelles ayant un aspect encyclopédique; et devient le modèle de ses successeurs hongrois travaillant au développement de lenseignement populaire au 19e siècle.
Biographie
Cest de Apáca, petit village de la Transylvanie du 17e siècle, sur les rives de la rivière, Olt que partit le jeune János Apáczai Csere qui parcourut lEurope et qui devint un des penseurs hongrois les plus importants de son siècle, malgré sa courte vie (1625-1659). Son père le fit instruire avec ses deux frères, ce qui prouve que la famille était assez aisée. Il fit ses études primaires à lécole calviniste du village où il acquit aussi les bases de sa connaissance de langue latine.
Puis il poursuivit ses études au collège protestant de Kolozsvár (Cluj). Cette école était située dans un bâtiment étroit dune maison privée, et la méthode de lenseignement maintint son esprit dans détroites limites (catéchisation, répétition permanente). Dans ce collège, les connaissances sur le monde nétaient pratiquement jamais enseignées. Le système scolastique rigide ne favorisait pas lexpression libre des opinions, la mentalité créative; en revanche il élevait les enfants dans lassiduité, la tolérance et la docilité, qualités que Apáczai mettra à profit plus tard dans sa vie.
à Kolozsvár il fut fortement influencé par un professeur, András Porcsalmi, à la mentalité moderne et à la conception encyclopédique (il avait été le disciple dAlstedt) Cest lui qui reconnut le premier le talent du garçon et lencouragea à tenter de connaître le monde dans sa totalité. Cest là que Apáczai rencontra, pour la première fois les idéaux du puritanisme qui marquèrent aussi singulièrement sa mentalité.
Plus tard, il sinscrivit au collège de Gyulafehérvár (aujourdhui Alba Iulia, Roumanie). Cette école du siège du prince, ville dune culture considérable, eut une importance extraordinaire dans lhistoire de léducation en Transylvanie et en Hongrie. Cest là quenseignèrent des professeurs érudits et éminents (Alstedt, Bisterfeld et Piscator) arrivés en Transylvanie de Heernborn après la destruction de lécole de cette ville. Bisterfeld fut le professeur de théologie dApáczai. Le jeune garçon fut de nouveau imprégné par lacquisition des connaissances encyclopédiques intégrant lamour des sciences (dont les sciences naturelles), tout en approfondissant sa conviction puritaine.
Quand Apáczai eut fini ses études de philosophie et de théologie à Gyulafehérvár, il fut pressenti comme recteur de lécole de Marosvásárhely, en récompense de ses connaissances et de son talent. Mais il refusa cette fonction, car lévêque István Geleji Katona lenvoya effectuer un voyage détudes à létranger.
Plusieurs centaines détudiants de Transylvanie fréquentaient alors les universités de lEurope occidentale, les établissements anglais, hollandais et belges en premier lieu. Les étudiants hongrois eurent une grande influence, leurs connaissances de latin dépassant de loin la maîtrise de la langue des étudiants venus dautres pays. Apáczai séjourna également en Hollande et en Belgique. Il fut frappé par la culture et le bien-être des bourgeois hollandais; cest là quil apprécia les effets bienfaisants de la religion calviniste et la liberté de penser. Dans les universités, cest le grand choix des sciences qui le marqua: il avait la possibilité de tout étudier, de lastronomie aux langues orientales. Pendant ce temps passé dans les universités de Franeker, de Leyden, dUtrecht et de Harderwijk (1648-1653), le jeune étudiant fit connaissance avec les théories de Descartes ainsi quavec les conceptions et les résultats des recherches de nombreux autres savants éminents. Bien que lenseignement des conceptions cartésiennes ait été interdit dans les universités contemporaines néerlandaises, la jeunesse était enfiévrée par la philosophie de Descartes. Apáczai devint penseur cartésien à Utrecht. Ses idées puritaines aussi se confirmèrent aussi en Hollande et devinrent la base de sa façon de penser.
Partout, en Europe, les puritains tenaient pour capitales la piété de lâme et le recueillement religieux interne, en sélevant contre les disputes trop longues et les raisonnements philosophico-théologiques sans fin. Amesius, personnalité de premier plan des puritains anglais, réfugié en Hollande, influença fortement Apáczai. Cette influence nétait probablement pas étrangère au fait que les étudiants transylvains à Utrecht suivaient avec attention les événements anglais et connaissaient même les œuvres politiques et théologiques les plus récentes au milieu du 17e siècle. Apáczai prônait une organisation démocratique ecclésiale dès ses premiers ouvrages. Il insistait sur limportance des études de langue pour étudier les Saintes Écritures. En dehors de lhébra?que et du grec ancien, il trouvait nécessaire aussi détudier la langue arabe.
En 1651 il obtint le titre de docteur de luniversité de Harderwijk avec une thèse intitulée «De primi hominis apostasia» traitant la faute de nos premiers parents. Il fut le premier des docteurs de cette «jeune» université fondée en 1648.
En ce qui concerne sa vie privée, János Apáczai Csere a choisit pour femme Aletta, fille de la bonne famille van der Maet, à Utrecht. Elle le suivit en Transylvanie, comme ces femmes ouest-européennes qui avaient épousé des voyageurs hongrois. En 1652, Apáczai est rappelé en Transylvanie, il y retourne au printemps de 1653 avec sa femme et son enfant.
Dès son séjour à létranger, il commença a composer louvrage principal de sa vie, lEncyclopédie hongroise. Il était poussé par les impressions de sa vie détudiant, léthique puritaine et lesprit du cartésianisme à composer un recueil scientifique informant les lecteurs hongrois des connaissances de lépoque. Il renta en Transylvanie avec cette encyclopédie éditée à Utrecht, et il obtint un poste dans son ancienne école, le collège de Gyulafehérvár. Conformément à la coutume de lépoque, il exposa ses idées concernant les sciences dans son discours inaugural devant ses collègues professeurs et ses futurs élèves Il examina les causes du manque de culture du pays dans son discours intitulé De studio sapientiae (De létude de la sagesse). Il dirigeait la classe poétique du collège et enseignait aussi le grec, lhébra?que, la logique et la rhétorique dans les classes supérieures. Cest à ce moment que plusieurs de ses œuvres furent imprimées: La petite logique hongroise et Les Conseils du maître Fortius sous forme de dialogues (1654).
1655 fut une année très difficile pour János Apáczai Csere. Après la mort de Bisterfeld ce nest pas lui qui obtint la chaire de son ancien professeur mais Isac Basirius, venu dAngleterre à la cour du prince de Transylvanie. Le prince, György Rákóczi II, ne continua pas la politique de son prédécesseur, Gábor Bethlen. Léconomie florissante de Transylvanie déclinait sous le règne de Rákóczi. Sa politique extérieure était dirigée par des intérêts dynastiques. Pendant sa principauté les positions des gentilshommes transylvains se renforcèrent, le régime des Ordres était de nouveau au premier plan.
LÉtat et lÉglise nétaient pas séparés; le pouvoir du prince provenait de Dieu, cest pourquoi son peuple devait lappuyer sans réserve. Basirius partageait cette opinion, mais Apáczai pensait autrement: il proposait une structure ecclésiastique desprit nouveau. Il eut une dispute publique avec Basirius, ancien chapelain du roi Charles Ier décapité qui refusait catégoriquement les doctrines modernes de Ramus et de Descartes. à la suite de cette dispute, Apáczai perdit son poste. Plusieurs érudits et Zsuzsanna Lorántffy, mère du prince, intervinrent en sa faveur auprès de György Rákóczi; cest ainsi quil fut nommé directeur dune des écoles de Kolozsvár. Cette ville où il avait également fait des études avant, laccueillit chaleureusement. Plusieurs écoles célèbres fonctionnaient dans ce centre culturel prospère. Apáczai y enseigna la théologie, lhébreu, le grec et la philosophie naturaliste; et les autres matières étaient enseignées par ses deux collègues.
Cest en 1656 quil tint son discours inaugural à Kolozsvár, intitulé De summa scholarum necessitate (De lextrême nécessité des écoles). Apáczai éduqua la jeunesse en travaillant méthodiquement dans cette école secondaire de Kolozsvár. Il était loué partout pour ses résultats. Cependant son travail denseignant et dorganisateur décole tout comme sa carrière scientifique furent brisés par sa mort précoce en 1659. Cest ainsi que disparut lun des premiers personnages les plus importants de la mentalité pédagogique hongroise, un véritable penseur européen.
Son œuvre principale: LEncyclopédie hongroise
Lœuvre principale de Apáczai parut en 1655 à Utrecht (avec la date 1653). Il y synthétisa les résultats des sciences de son époque dans sa langue maternelle, en hongrois. Écrivant cette œuvre importante, même au point de vue de la mise au point des sciences et de la pédagogie, son objectif était de donner un manuel scientifique en hongrois à la jeunesse transylvaine pour que les étudiants cultivés, dépassant les études élémentaires, ne renoncent pas à lacquisition des connaissances à cause de difficultés de langue.
Cest qu à cette époque les écrits savants dans la langue maternelle manquaient en Transylvanie; ce livre y suppléa du point de vue de linstruction, de lenseignement. Ce grand enseignant et érudit a ainsi transmis les résultats culturels et scientifiques de lEurope aux lecteurs transylvains, en propageant la philosophie de Descartes et léthique puritaine. La présentation des résultats des sciences naturelles est au tout premier plan du livre, mais, en dehors de lastronomie, de larithmétique, de la géométrie, de la physique, de la médecine, de la botanique et dautres sciences, la présentation des résultats de la logique, de la théologie, de lhistoire, de léthique, de la pédagogie, de la théorie de la politique et de la philosophie trouve aussi sa place. Le propos scientifique des auteurs éminents de lépoque figure dans lœuvre: János Apáczai Csere donne des traductions et des extraits des œuvres de Ramus, de Regius, de Scribonius, dAmesius et dAlstedius, en plus de celles de Descartes. Les textes ne sont donc pas de lui-même; en revanche, la structure et le système conceptuel de lEncyclopédie sont sa création originale.
Le jeune homme, arrivé de Transylvanie en Europe occidentale, retourna dans son pays muni de connaissances scientifiques, reprises dans cette vaste encyclopédie, mais il neut pas loccasion de lutiliser pendant ses cours à lécole en raison du conflit avec le prince, que nous avons mentionné plus haut.
Les autres ouvrages
Un système denseignement global
Les idées pédagogiques de Apáczai sont accessibles principalement grâce à ses discours inauguraux prononcés à Gyulafehérvár et à Kolozsvár. Son propos intitulé De studio sapientiae prononcé en 1653 parut aussi à Utrecht; ainsi le public instruit de lEurope occidentale put-il en avoir connassance. Lauteur y donna un aperçu de lhistoire de la diffusion des connaissances scientifiques et exposa limportance de létude des langues (grecque, latine, hébra?que, arabe). Il essaya dexpliquer, en se fondant sur des bases scientifiques, les causes du retard culturel des Hongrois et les possibilités dy remédier. Il exprima limportance de la culture encyclopédique. Il élabora le classement des choses «quil était nécessaire de savoir» et des sciences qui y étaient reliées, regroupant les sciences reliées aux choses atteintes par la langue et les sciences portant sur la langue elle-même. Au sein du premier groupe, il fit la différence entre les connaissances relatives à la nature et celles relatives à la grâce (sciences naturelles et celles humaines). Pour lui, lhistoire est la réalisation progressive de la sagesse. Daprès lui, la révolution de la pensée de lâge moderne seffectua par Descartes. Il reconnut ainsi limportance de ce philosophe français dans lhistoire de la réflexion.
Apáczai pensait que le lieu principal où on puisait la sagesse était lécole; à son avis, on pouvait éduquer des personnes instruites dans leur langue maternelle, en mettant au premier plan les sciences naturelles. Il éclaircit donc les rapports des sciences, conformément à la théorie cartésienne de la science, et ce fait essentiel pour la pédagogique et pour la philosophie des sciences, à savoir que chaque science aidait à la compréhension des autres.
Quand en 1656 Apáczai devient le directeur du collège nous dirions maintenant lycée récemment construit à Kolozsvár /en roumain Cluj/, selon les habitudes de lépoque, il tient un discours inaugural intitulé De Summa scholarum necessitate dans lequel il dit pourquoi il est nécessaire délargir le réseau scolaire et quelle causes lempêchent en Transylvanie. Dans ce chef-dœuvre réthorique à la structure logique forte, constitué par cinq parties principales sur le modèle des oraisons antiques, Apáczai critique nettement ses contemporains qui empêchaient lévolution des nouvelles tendances sociales et spirituelles et qui saccrochaient obstinément au passé. Dans ce discours, la critique de la société est centrale; il était visiblement exaspéré en constatant le retard de son pays. Il tenait tout le monde en Transylvanie responsable du triste état de la culture: le prince, les nobles, le clergé, les serfs et même les instituteur.
La culture ne renvoie pas simplement à un ensemble de connaissances dans son interprétation, mais à une attitude, un comportement, une sagesse qui déterminent la façon de penser mais aussi la morale pratique. Lécole selon Apáczai a un rôle très important dans la formation et la croissance de tous ces aspects.
Dans lintroduction du discours il souligne quon a grand besoin des écoles et celui qui ne voit pas leur utilité est aveugle et insensible. Il met en relief que dans les écoles primaires lenseignement doit se faire en langue maternelle et quen plus de lapprentissage du bon usage et de lorthographe, linstruction religieuse est également nécessaire. A son avis, lun des fruits des écoles primaires est sans doute le fait que les petits enfants sy habituent à la discipline, à lobéissance à leurs supérieurs, ce qui prépare leur insertion à la société. Il souligne aussi que ces écoles de langue maternelle permettent aux enfants dêtre en communication avec dautres, de sexercer dans la parole, parce quil pense que ce sont justement la pensée et la parole qui distinguent lhomme des animaux et aident à se débrouiller dans la société. Il parle avec enthousiasme de lécriture et de létude de celle-ci, en mentionnant son utilité dans la vie quotidienne, par exemple dans les affaires juridiques. A son avis, le christianisme se dégrade en libertinage et en athéisme sans les écoles primaires. Il mentionne lexemple de Luther et dautres réformateurs qui ont reconnu le rôle énorme des écoles élémentaires dans la propagation et la maintenance de la religion. Cependant il met en relief dans son discours également que la culture, le niveau de linstruction ne peuvent pas cibler le ciel si le système des écoles de niveau moyen (il les appelle écoles triviales) et au sommet de la pyramide luniversité (il lappelle académie) et lécole supérieure ne succèdent pas au réseau des écoles primaires. Selon lui, il est inadmissible quil ny ait pas duniversité en Transylvanie ni de livres et dimprimeries en nombre voulu.
En sappuyant sur les thèses platoniennes et les livres de lAncien Testament, Apáczai souligne quil est important non seulement que le peuple soit instruit mais aussi que les chefs de lÉtat aient toujours une sagesse universelle. Il désapprouve fortement que lestime, la situation des ecclésiastiques soient de beaucoup meilleures que celles des instituteurs soccupant de lenseignement du peuple. Il formule en même temps que les instituteurs mêmes y sont pour beaucoup, tout comme dans le cas du fonctionnement des écoles à un niveau non convenable, puisque beaucoup deux sont enseignants nayant pas accès à des postes ecclésiastiques et non par vocation. Il formule une critique pareille aussi concernant les élèves dont une partie considérable (surtout ceux qui viennent du servage) nétudie que pour ne pas devoir soccuper de lagriculture et pour avoir la qualité de noblesse en ayant embrassé la carrière ecclésiastique. Il blâme/critique/rend responsable également une grande partie des dignitaires occupant des postes ecclésiastiques qui ne permettent pas aux élèves détudier de nouvelles connaissances étant inconnues ou effrayantes pour eux qui barrent ainsi le chemin du progrès scientifique. Cela vaut aussi aux curateurs souvent incultes gérant mollement, lentement et négligemment les affaires des écoles. Lidée-clé du discours inaugural de Apáczai est ce qui suit: Croyez-moi, mes auditeurs, les bases de lÉglise et même de lÉtat sont les collèges. (…) Les Églises tiennent solidement seulement jusquà ce que lentretien des écoles bien organisées leur tienne à coeur. Si les écoles se disloquent et tombent en ruine, les Églises aussi seffondrent et dépérissent inévitablement.
Dans ce discours, il esquissa le plan de la mise en place dun système denseignement global; un point essentiel se trouvait dans lessai sur lenseignement des adultes. à lépoque dApáczai luniversité nexistait pas en Transylvanie et, sur le territoire de la Hongrie, ne fonctionnait que luniversité des jésuites à Nagyszombat. Par conséquent les élèves protestants qui finissaient leurs études secondaires avec des résultats excellents étaient contraints de partir pour dautres pays de lEurope afin de continuer leurs études. En sappuyant sur les idées de Platon, Apáczai exposa que les dirigeants de lÉtat ne pouvaient être que les hommes instruits et croyants ayant achevé leurs études dans les académies (il nomma ainsi les universités). Il prit aussi des exemples de son époque sur ce sujet: il saluait les résultats de lÉtat modèle hollandais quil connaissait bien lui-même et dont il savait ce que ce pays de lEurope occidentale devait au développement de lenseignement, et surtout des établissements scolaires supérieurs.
Apáczai reconnut et formula lidée selon laquelle les pays, pour sintégrer à égalité avec les autres, avaient indispensablement besoin de connaître et de cultiver les sciences, délever le niveau de la culture, car ces aspects se révélaient plus importantes que la situation géographique ou la politique militaire.
En 1658, Apáczai élabora le plan détaillé de létablissement de lacadémie et il le présenta au prince transylvain, Ákos Barcsai. Pour lui,largent que les professeurs hongrois et étrangers du collège de Gyulafehérvár recevaient aurait suffi pour entretenir 11 professeurs et 100 étudiants environ. Dans ce projet dApáczai, il fallait veiller à affecter les postes en y nommant les professeurs conformément à leurs mérites scientifiques. Il aborda alors une question sociale importante en écrivant que lorganisation de lacadémie ne vaudrait la peine quau cas où les étudiants ayant fini leurs études recevraient la qualité de nobles.
Sur le modèle de luniversité de Leyden, Apáczai proposa au prince détablir, en plus de luniversité, une imprimerie, un jardin botanique et une bibliothèque. Luniversité de Leyden, en Hollande (Descartes et dautres savants y séjournèrent), était devenue le centre scientifique européen le plus brillant de lépoque grâce à son jardin botanique créé par le français LÉcluse à son observatoire et à ses laboratoires anatomique et physique.
La réalisation du plan dacadémie de Apáczai se révéla impossible, en raison des conditions historiques défavorables et du changement de prince en 1659.
Ses idées didactiques
Le but, le rêve dApáczai était de promouvoir léducation de citoyens vertueux et très instruits, sur la base dune culture encyclopédique. Dans son livre «Conseil», écrit en sappuyant sur les idées de lauteur néerlandais Joachim Fortius, il avança quil fallait trois choses pour le progrès dans les sciences: la préparation morale, le choix du bon chemin (méthode) et les connaissances scientifiques en tant que telles (contenu convenable). à son avis, le plus important est de viser «le but le plus haut», car cest ce qui nous incite à étudier. Ce savant transylvain traduisit en hongrois les pensées du sto?cien Fortius dans lesprit de léthique puritaine, en disant que jusquau bout lhomme doit tout sacrifier à lacquisition des valeurs spirituelles, car cest la seule valeur qui soit impérissable dans le monde.
Bien que Apáczai nait créé de didactique systématique, de guide méthodologique rédigé dun bout à lautre puisquil soccupa de beaucoup de choses pendant sa vie courte vie -, un grand nombre de ses conceptions didactiques peuvent être déduites de ses différents ouvrages. Figurent dans plusieurs endroits de ses œuvres linsistance mise sur limportance de la démonstration, la nécessité de lexplication claire et concise du professeur, la mise en évidence de linstruction par soi-même, lévocation du principe du pragmatisme. Il considérait comme un but important à atteindre en tout premier lieu la reconnaissance par les élèves des rapports entre les systèmes et la capacité de réfléchir de façon autonome.
Comme Érasme, Vives et Comenius, Apáczai était le partisan de la pédagogie de la douceur, de lamour. Il se pencha précisément sur le rapport du professeur et de lélève dans plusieurs de ses œuvres, et il pressentit dans lEncyclopédie hongroise la manière dont le professeur devait être. Pour lui, il était très important que celui qui entreprend déduquer autrui soit un professeur bien préparé au point sur les plans de la morale, de la pédagogie et du métier. Il souligna limportance de lambiance affectueuse et de la conduite exemplaire.
Debat critique
János Apáczai Csere a été considéré comme idéal par chaque penseur pédagogique et chaque réformateur de Hongrie au cours des siècles passés et il le reste de nos jours. En Transylvanie, ses disciples directs avaient propagé, déjà de son vivant ses idées pédagogiques et scientifiques, sa pratique denseignant et son attitude morale. Ses pensées scientifiques eurent aussi avait un effet encourageant sur des générations de médecins et sur bien dautres savants, comme Ferenc Páriz Pápai, médecin renommé et lexicographe transylvain de la deuxième moitié du 17e siècle. Des passages de lEncyclopédie hongroise et les termes techniques des sciences utilisés dans ce livre furent intégrés dans les œuvres de plusieurs auteurs au cours des siècles. Ce livre a été considéré comme un trésor important et protégé tant dans les collèges transylvains que par des personnes privées. Selon un des biographes de Apáczai, Imre Bán, lœuvre rendit le service que son auteur en attendait: elle éduqua des milliers de Hongrois qui sintéressèrent aux sciences. Lhéritage spirituel de Apáczai peut être reconnu même au 18e siècle. Un de ses héritiers tardifs vivant de cette période fut le grand éducateur de la nation en Transylvanie, Péter Bod: il écrivit, dans son œuvre intitulée Athenas hongrois, que si Apáczai avait vécu plus longtemps, les sciences aussi se seraient considérablement développées, car cet érudit transylvain na eu dégal nulle part pour son enseignement. Pourtant, Apáczai commença à être oublié vers la fin du 18e siècle; ses ouvrages ne furent plus utilisés par les rénovateurs de la langue en Hongrie, et plusieurs ne les connaissaient même pas. Cette situation a bien changé grâce à une nouvelle édition de lEncyclopédie hongroise en 1803. Apáczai fut redécouvert par les scientifiques et les pédagogues hongrois; il redevint la référence des politiciens intéressés par la construction du système scolaire et des réformateurs de lenseignement popular qui mirent laccent sur lactivité des enfants, sur lacquisition autonome des connaissances et des expériences et sur létude liée à la vie, au début du 20e siècle. Les représentants des différents courants didées et des branches de la science jugeaient certes Apáczai de manière différente selon les aspects, mais tous saccordaient à dire quil avait été une des figures éminentes et précoces de lhistoire de la pensée en Hongrie, quil connaissait bien son pays que lEurope.
Son personnage et ses œuvres constituèrent donc toujours un des points dappui les plus importants des intellectuels hongrois de Transylvanie pour ce qui est de leur histoire, de leurs traditions, de leur langue et de leur identité nationale. Même les historiens marxistes considérèrent János Apáczai Csere comme un penseur significatif et le pionnier de la pédagogie bourgeoise en Hongrie bien quils aient critiqué sa conviction religieuse. Sa personnalité a été reprise dans les œuvres littéraires, les poèmes, les romans et les drames hongrois.
Sa vie est un guide pour tous les Hongrois, ses œuvres sont les trésors de lhistoire de la pédagogie et de la culture hongroises et universelles. János Apáczai Csere fut un érudit vraiment européen qui considérait le sort de son pays comme inséparable de lavenir de son continent. Il fut un trait dunion entre le peuple hongrois et les autres nations de lEurope. Ce fut un homme qui avait beaucoup voyagé et qui possédait une culture encyclopédique dont les idées philosophiques et pédagogiques, universelles, représentent une valeur qui a traversé les siècles.
Au 17e siècle où Apáczai vit, on peut prouver incontestablement quen Transylvanie non seulement le nombre et le rôle des intellectuels mais aussi la grandeur de leur estime sociale agrandissent. On peut dire que la culture même se démocratise. Plus dun tiers des jeunes transylvains instruits aux universités étrangères sont dorigine villageoise, et parmi ceux qui vont aux écoles primaires et secondaires les jeunes non nobles sont représentés en nombre encore plus considérable. En conclusion on peut dire que les protestants transylvains réalisent une des exigences les plus importantes de la Réforme, la propagation de la culture par les écoles, et tout cela prouve la grande envie de linstruction de la société de là-bas.
A vetítés diasora
ericka said
ericka
Les idées de réforme d’ János Apáczai Csere sur l’éducation populaire au 17e siécle « Prof. Dr. Kéri Katalin
kimberlyn said
kimberlyn
Les idées de réforme d’ János Apáczai Csere sur l’éducation populaire au 17e siécle « Prof. Dr. Kéri Katalin